Sophrologie

La sophrologie (SOS – PHREIN – LOGOS : en grec, « étude de la conscience en harmonie ») est une discipline visant à résoudre un certain nombre de désordres (psychiatriques, physiologiques, existentiels), ou à développer une personnalité plus harmonieuse, par la conscience de soi et le renfort des structures positives.

Elle est également utilisée pour le sevrage du tabac et la lutte contre les dépendances et pour renforcer la confiance et l’image de soi. Elle est habituellement classée dans le domaine de la médecine non-conventionnelle.

Historique

La sophrologie a été créée en 1960 par Alfonso Caycedo, médecin neuropsychiatre colombien d’origine basque espagnole né en novembre 1932 à Bogotá (Colombie), professeur à l’école de psychiatrie de médecine à Barcelone de 1968 à 1982.
Après avoir utilisé les thérapies habituelles en Espagne au début de son activité (comas insuliniques, électrochocs), il s’interroge sur la nécessité de modifier la conscience pour soigner la conscience pathologique chez les psychotiques.
Il fait ensuite l’hypothèse de l’existence possible d’un état de conscience harmonieux, ni pathologique, ni simplement « ordinaire », mais dit « sophronique », qu’il serait possible de conquérir par un entraînement phénoménologique existentiel. La découverte puis la conquête de cet hypothétique troisième état de conscience deviendra l’objectif de la sophrologie.
Il propose pour cela une approche psychocorporelle basée notamment sur une conscience accrue de soi-même (corps, esprit, rencontre de l’un et de l’autre, ouverture axiologique aux valeurs de l’Homme) et sur le renforcement des structures positives. La sophrologie est une école de la positivité et donne une place prépondérante au principe d’action positive (tout effet positif sur le mental a une répercussion positive sur le corps et inversement).
Caycedo a été guidé, entre autres, par les pensées occidentales (phénoménologie, hypnose) puis orientales (Yoga indien, Zen, Tummo) et, à partir de 1968, en a largement fait profiter sa méthode avec les « Relaxations Dynamiques » qui, d’abord au nombre de trois, sont aujourd’hui au nombre de douze, divisées en trois cycles : réductif, radical et existentiel.
A. Caycedo enseigne depuis 1988 en Principauté d’Andorre où, assisté du Dr. Nathalia Caycedo, sa fille, il enseigne les deux cycles supérieurs de sa méthode, dite aujourd’hui méthode ISOCAY, aux sophrologues destinés à devenir « caycédiens ».

Trois principes fondamentaux

Amener le schéma corporel à plus de réalité vécue, pour habiter le corps en bonne santé et conquérir l’harmonie physique et psychique.
Renforcer l’action positive, afin de développer les éléments positifs du passé, du présent et de l’avenir et de mieux utiliser tous nos potentiels (de la potentialité à la capacité).
Développer la réalité objective, pour apprendre à voir les choses davantage comme elles sont, de développer plus de réalisme et donc d’efficacité dans l’action.

Techniques et méthodes

Les sophronisations spécifiques ont été, historiquement, les 1res propositions faites en sophrologie (1960) et certaines sont issues de l’hypnose thérapeutique. Elles sont nombreuses, rapides à mettre en œuvre et permettent un travail ciblé sur un symptôme ou une demande. Elle vise surtout un résultat immédiat ou à court terme.

Ces techniques, pratiquées le plus souvent en posture assise et en séance individuelle, sont d’abord liées au présent (concentration sur un stimulus interne, par ex.), puis au futur (préparation positive à une épreuve) ou au passé (rappel d’un souvenir positif).

Les 12 degrés de la relaxation dynamique de Caycedo (« RDC ») sont devenus l’essentiel de la sophrologie proposée par son fondateur (« sophrologie caycédienne ») et vise un résultat à moyen et long terme. Apparues à partir de 1968 (avec une forme moins inductive et uniquement 3 « degrés »), elles sont souvent pratiquées en groupe et permettent une progression plus profonde vers un mieux être que les sophronisations spécifiques : l’approche y est plus globale, holistique. On y adopte la posture debout et la posture assise, postures proches de la réalité quotidienne. À partir du 3ème degré, des marches méditatives y sont incluses, d’abord de manière synchronisée avec la respiration, puis, (4ème degré, 9ème à 12ème degré) de manière libre en extérieur. Chaque RDC dure entre une demi-heure et une heure mais avec l’entraînement, on peut « compacter » la méthode, l’adapter, l’abréger. Pour cela, la part de la description écrite (personnelle) ou orale (partagée) des phénomènes éprouvés est essentielle et le sophrologue a pour tâche d’accueillir les « vivances » de ses patients ou élèves afin de leur indiquer le meilleur et plus court chemin pour ouvrir toujours plus l’éventail de leur conscience, optimiser leurs ressources énergétiques et développer leurs capacités.

Il est demandé aux patients ou élèves de pratiquer chez eux, de s’entraîner. C’est le principe de la répétition vivantielle, seul possible pour atteindre en fin de compte, pour ceux qui le désirent, un état permanent d’existence harmonieuse, en rapport avec les immenses potentialités de notre cortex.

Une séance de sophrologie dure une heure. Elle commence par un court dialogue, enchaîne avec la pratique et se termine par un nouveau dialogue en lien direct avec la séance, pouvant inclure des explications complémentaires ou des conseils. La sophrologie se pratique dans une tenue souple de préférence. Adaptée, elle convient tout à fait aux enfants.

Applications

Les applications médicales ou socio-prophylactiques de la sophrologie sont importantes : obstétrique, gestion du stress, du poids, des phobies, de la douleur, des troubles psycho-somatiques, des troubles du sommeil, entraînement sportif, etc. Le sophronisant (l’élève ou patient) acquiert progressivement une conscience de son corps, de ses émotions et de son être et une autonomie dans la méthode. Il réduit sa tension musculaire, sa tension psychologique, tout en gardant un niveau de vigilance correct (c’est le niveau « sophroliminal », devenu aujourd’hui « conscience ISOCAY », qui évite l’écueil de l’endormissement ou même de la somnolence, par l’utilisation de postures correctes et d’une respiration adaptée, qui doit beaucoup aux ancestrales pratiques du zen). Voir dans la rubrique Sophrologie et Sport l’utilité de ces techniques dans la préparation mentale du sportif.

Terminologie

Le terme sophrologie ayant été repris par de nombreuses applications qui n’ont vraiment plus rien à voir avec le but recherché, il devenait impossible que des personnes qui veulent faire un travail sérieux puissent encore s’en servir. Protéger la méthode devint un souci de son créateur. La parade juridiquement valable choisie était de spécifier ce travail en y ajoutant son propre nom, d’où le terme « sophrologie caycédienne ». Le reste de la méthode, actuellement réactualisée, a été protégé également pour en empêcher l’usage par toute personne non correctement formée aux techniques, ceci dans le but de protéger toute personne qui s’engage avec bonne foi dans ce cheminement.
La sophrologie caycédienne dispose d’une méthodologie précise étayée par une épistémologie et une sémantique originale (néologismes), en partie basée sur des racines grecques.

Formation des sophrologues

Il n’existe pas en France de diplôme d’état de sophrologie. La profession n’est pas règlementée et son exercice est libre, sous réserve d’avoir suivi une formation.

Le titre de Master Spécialiste en Sophrologie Caycédienne ® est quant à lui soumis à la Fédération Alfonso Caycedo (titre déposé et protégé) et nécessite, après une à deux années d’études discontinues dans des centres agréés (pour un total d’environ 250 heures en centre), d’acquérir, en quatre sessions, étalées sur 2 ans, les degrés supérieurs (5 à 12) auprès de l’Université Mondiale de Sophrologie d’Andorre (environ 70 heures de cours et entraînement, dirigées par le fondateur de la sophrologie et sa fille, le Dr. Nathalia Caycedo).

Précisons que de nombreux centres agréés ou non, ainsi que la Fédération Mondiale de Sophrologie, n’imposent pas d’évaluation pratique (si ce n’est qu’ils demandent une description écrite en lien avec l’entraînement personnel) : le titre de Master Spécialiste en Sophrologie Caycédienne n’est pas en soi une garantie.

Branche clinique (thérapeutique) : elle est réservée aux professionnels de la santé. La seule formation de sophrologue ne permet pas en effet de devenir thérapeute. Des diplômés universitaires : psychologues, médecins, kinésithérapeutes, sages-femmes, infirmières, peuvent ainsi proposer des séances de sophrologie en complément d’autres accompagnements thérapeutiques.

Branche socio-prophylactique (non thérapeutique) : de plus en plus de sophrologues se consacrent au domaine pédagogique (prévention, enseignement, arts…), au domaine social (prévention, groupes d’entraînement…) ou au domaine sportif. Ce domaine concerne les professionnels des sciences sociales et humaines.

Branche de la prévention du stress et du développement personnel (non thérapeutique) : domaine ouvert à toutes les autres professionnels. Ce domaine concerne davantage le « grand public ».

Différents courants de Sophrologie

La sophrologie ayant été créée par Alfonso Caycedo, il serait normal de qualifier de pléonasme les termes de sophrologie caycédienne ®. En fait, la réalité est toute autre. Il est tentant de faire un lien entre ce qui s’est passé avec la psychanalyse et le comportement de Freud et ses premiers disciples, la sophrologie et les premiers élèves de Caycedo.

Il y a eu des bouleversements lorsque Caycedo est revenu d’Orient et mis au point les trois premiers degrés de la relaxation dynamique (1968).

Il y a eu des ruptures, par exemple lorsque A. Caycedo a décidé d’ouvrir la sophrologie aux personnes n’appartennant pas au corps médical, ni même paramédical (1977). Des « dissidences » se sont créées, conservant parfois la méthode initiale mais le plus souvent en la personnalisant ou la modifiant. Ces modifications sont parfois pertinentes, parfois moins…

Il y a parfois des exclusions par la Fédération Mondiale.

Il y a enfin des personnes qui profitent – il est vrai – de la notorioté croissante de la sophrologie pour récupérer le terme en proposant d’autres méthodes. Ces « dérives » peuvent être intéressantes mais sous une même appelation « sophrologie » existe alors une multitude de propositions, souvent très éloignée de la méthode proposée aujourd’hui par A. Caycedo. Il serait plus juste d’utiliser à chaque fois un nom spécifique. Certains ajoutent un qualificatif.

Certains sophrologues caycédiens actuels (mais pas A. Caycedo lui-même) tentent même d’invalider les premières propositions de Caycedo(voir chapitre suivant)…

Ainsi, aujourd’hui, pouvons-nous distinguer, entre autres :

Une sophrologie proche de l’hypnose, avec des inductions à visée thérapeutique, orientées sur le(s) symptôme(s). Les sophronisations spécifiques y sont privilégiées. Elle correspond à la première sophrologie (environ de 1960 à 1970), avant l’apport oriental et l’accent mis en place envers les Relaxations dynamiques de Caycedo. Une technique exemplaire de cette approche est la sophro-substitution sensorielle qui consiste à induire la transformation d’une sensation (souvent douloureuse) en une autre (par ex. en chaleur).
Une approche orientée vers la relaxation, qui devient un but en soi. Les participants peuvent être allongés ou au moins assis très confortablement, de la musique douce peut parfois être utilisée. Le sophrologue utilise un discours inductif lors des exercices, souvent proche de l’hypnose traditionnelle (…votre conscience est au bord même du sommeil). Cette approche fait partie de l’histoire de la sophrologie et des inductions de relaxation échappent encore aujourd’hui à A. Caycedo lui-même (…vous relâchez le visage, le cou , les mains…) !
Une sophrologie orientaliste, où on trouve une forme de Yoga occidentalisé et un discours spécifique avec notamment l’utilisation de mots en sanskrit (prana, chakra, etc.). La méthode clée est la Relaxation Dynamique du 1er degré, notamment dans sa forme originelle (de 1970 à 1990 environ), proche du Yoga dans la forme (non dans le fond).
Une variante se rapproche davantage du zen avec peu de paroles au profit du silence. L’accent y est mis sur la pleine conscience de chaque instant. Elle se rapproche de la démarche phénoménologique (voir ci-dessous). La méthode clée est la Relaxation Dynamique du 3ème degré (voire du 6ème degré, moins pratiquée), notamment comme elle était proposée par A. Caycedo jusqu’en 1992.
Une sophrologie d’inspiration phénoménologique, où seule l’expérience individuelle compte. Le sophrologue passe du statut de guide à celui de passeur, dans le sens où il se fait progressivement le plus discret possible. Le discours lors des pratiques (terpnos logos) y est très épuré, descriptif (fonction référentielle du langage) voire absent. Cette approche est souvent présentée comme exemplaire par A. Caycedo. Lors des échanges après l’expérience (Dialogue Post-Sophronique), le sophrologue privilégie l’écoute active, centrée sur la personne (cf. Carl Rogers)sans interprétation, jugement, évaluation, proposition de solutions, ni même soutien. Les expressions négatives sont accueillies comme les positives.
Une orientation purement caycédienne, la sophrologie caycédienne ®, qui met l’accent sur les douze degrés de la Relaxation dynamique de Caycédo, à visée existentielle. Le symptôme éventuel renvoie à ce que A. Caycedo nomme un « contenu » de la conscience (personnel) et, s’il est entendu, écouté, il n’est pas central. Il s’agit d’abord de dynamiser les structures positives de la personne avec une approche globale ou holistique (« capacités de la conscience » – universelles). La personne existe en dehors de son (ou ses) difficultés ou symptômes. Il n’y a pas d’induction directe vers le symptôme. Le sophrologue y est un guide mais peu d’explications sont données sur les choix des stimulations ou exercices et l’expérience personnelle est privilégiée (voir approche phénoménologique ci-dessus). Lors des échanges après l’expérience (Dialogue Post-Sophronique), le sophrologue privilégie l’orientation (et donc l’induction) vers le positif de l’expérience avec la Sophro-Analyse Vivantielle Caycédienne.
Une approche comportementaliste, où le sophrologue est surtout un guide, un conseillé, voir un coach ou encore un psychothérapeute cognitivo-comportementaliste. Il va prescrire des entraînements personnels, donner des supports écrits (questionnaires d’auto-évaluation, guide d’entraînement) et audio (cassette ou CD), des « trucs » pour gérer les situations difficiles ou le stress. Les sophronisations spécifiques y seront privilégiées. Un exemple type de cette approche est la technique de sophro-correction serrielle qui est très proche de la technique de désensibilisation systématique des psychothérapeutes comportementalistes.
Une orientation bio-énergétique (ou relaxation sophro-bio-dynamique), issue de la sophrologie des années 75 et de la bioénergie (Dr.Alexander Lowen), qui a été conceptualisée par le Dr Jean-Pierre Hubert, un dentiste hypnothérapeute et l’un des premiers collaborateurs de A. Caycedo. On y trouve notamment des techniques pour mobiliser l’énergie puis pour tenter de libérer les décharges émotionnelles. Les gestes ou mouvements du premier degré de la Relaxation Dynamique de Caycedo, par exemple, sont repris, expliqués en termes énergétiques, symboliques. Le sophrologue est un thérapeute utilisant une approche plus inductive ciblée sur le(s) symptômes. Lors des échanges après l’expérience (Dialogue Post-Sophronique), le sophrologue peut être amené a donner des interprétations.

En fait, le plus souvent les sophrologues combineront différentes approches, parfois sans s’en rendre compte (ce qui est dommage !). Ceci en fonction de leur personnalité, leur(s) formation(s), des participants, demandes, objectifs. L’un des principes fondamentaux de la sophrologie est effectivement l’adaptation en respectant les autres principes énoncés plus haut.

Pascal GAUTIER 5 mars 2007 à 11: 24 (CET), élève de Bernard SANTERRE et Alfonso CAYCEDO

Polémique, bonne et/ou mauvaise Sophrologie

La sophrologie posséde un vocabulaire spécifique, dont certains termes sont déposés, des formateurs diplômés par l’organisme fondateur, des termes et concepts très spécifiques. Elle emploie des méthodes visant à modifier en l’améliorant la perception de soi-même, et des relations avec les autres. Ceci peut amener certains à se poser des questions sur ses usages. Le rapport de la Mission interparlementaire de lutte contre les sectes de 2001 mentionne que la sophrologie peut être « source de sectarisme » mais ne révèle l’existence d’aucune secte basée sur cette approche. En revanche, il affirme que l’utilisation anarchique des termes et méthodes peut générer une confusion, voire des utilisations malsaines.

La sophrologie caycédienne ® se définit comme « une école de liberté existentielle » et précise que la démarche sectaire lui est totalement opposée. Pourtant, le code déontologique des sophrologues caycédiens qualifie de « sophrologue cui-cui » les sophrologues non caycédiens ! Dans son article 33, est jugé comme une « faute éthique grave (…) la participation d’un directeur délégué dans des activités d’institutions promues par des « « sophrologues cui-cui » ».

Ceux qui critiquent la sophrologie caycédienne et qui prétendent que les 3 premiers anciens degrés constituent l’ essentiel de la méthode n’ ont généralement pas effectué l’ ensemble des 12 degrés ou n’ont rien compris à l’épistémologie et l’axiologie de la méthode. Pire certains de ces critiques en sont restés à la sophrologie d’avant 1990 alors qu’elle a été profondément enrichie et la confonde encore avec de la relaxation ou de l’hypnose ericksonnienne.

Il n’ y a pas lieu de donner une supériorité à l’une ou l’autre de ces approches mais de laisser la liberté à chaque individu de se faire sa propre opinion en connaissance de cause.

2 Responses to Sophrologie

  1. Marc dit :

    L’inconvénient majeur étant que pour faire ces stages et atteindre les 12 degrés il faut passer par Andorre et avoir un banquier généreux, bref faire rouler le buisness caycedo, même si ces 12 degrés manquent aujourd’hui à ma pratique, hors de question que je fasse tourner cette machine à fric, si seulement Caycedo & Co pouvait decendre de son nuage doré…

  2. Era dit :

    Je suis d’accord avec vous Marc, le problème avec toutes ces disciplines, le Reiki entre autres, c’est qu’il a toujours des gens pour se faire de l’argent sur la misère des autres, il faut bien se rendre à l’évidence, l’altruisme n’est pas de ce monde. Il existe cependant quelques personnes qui sont prêtes à rendre service pour presque rien, le tout est trouver la bonne personne.